Coups de cœur des créateurs de mars : OPPIDUM

Publié le : 16 avril 2021
Catégories : Mode

Jem Jewellery

Une marque de joaillerie créée en 2009. Littéralement le terme "JEM" évoque "Jewellery Ethically Minded". Autrement dit, une bijouterie qui interroge et s'engage dans le progrès éthique, à la fois pour les travailleurs et pour l'environnement. La maison revendique également un savoir-faire artisanal qui suit les techniques traditionnelles. Ses créations sont épurées, minimalistes et architecturées. Du raffinement pour une gamme poétique.

Olistic

Une marque de mode, maison de luxe, créée en 2018 par Camille Jaillant. La marque revendique sa proximité à la nature à la fois dans ses engagements durables que dans ses inspirations : des collections teintées des quatre éléments que sont l'air pour le choix des matières, la terre pour une garde-robe organique, l'eau pour le teintes et le feu représentant ce qui anime les créateurs. Une fabrication éthique et artisanale basée au Portugal, pour une collection élégante et intemporelle.

Nomasei

Une marque de chaussures de luxe créée par Paule Ténaillon et Marie Braquet. Elles proposent des gammes imaginées en France et produites en Italie dans une entreprise familiale en Toscane. Elles s'inspirent d'ailleurs de leurs origines dans les couleurs dominantes : le rouge en hommage à la terre cuite des collines et le blanc jauni pour le marbre de Pompéi. Leurs valeurs ? Le respect de l'humain et de l'environnement.

La Petite Interview



Le nom OPPIDUM signifie littéralement « ville fortifiée » et désignait un type d’habitat protégé par des fossés qui servait de refuge et de lieu d’accueil. Pourquoi avez-vous choisi ce nom ?

On a voulu utiliser le mot pour plusieurs raisons dont celle que vous indiquez. On est en pleine campagne, vers une très grande forêt assez perdue, dans un coin où il y a beaucoup d’oppidum d’origine celtique ou romane. On est rattaché à un village fortifié qui sert à ceinturer la forêt et qui était une place forte de défense historiquement. S’appeler Oppidum, c’est un clin d’œil au village mais c’est aussi une symbolique à laquelle on croit très fort : celle de défendre l’humain et la nature de manière pacifique et non militaire, en passant par de nouvelles voies : la science, les savoirs populaires… Et le latin c’est bien, c’est une langue internationale.



Quelles ont été vos inspirations que ce soit pour la création de votre marque ou même dans le choix de vos produits et valeurs ?

La première inspiration ça a d’abord été les savons, notre premier savoir-faire. L’idée première était de mettre en place des savons qu’on pouvait utiliser comme produits de soin et pas seulement comme des produits d’hygiène. On a essayé de nombreuses matières premières de 2014 à 2017, et on n’en a retenu que 8 formules. Une des convictions était de se spécialiser dans les huiles ou beurres précieux qui ont des propriétés différentes des huiles communes. On a également eu envie de travailler les produits en les transformant le moins possible. Et ensuite, on a élargi notre univers aux produits cosmétiques, en suivant les mêmes principes que pour les savons : naturels, biologiques et sans eau.



Vous avez lancé OPPIDUM en 2017. Comment avez-vous su que c’était le moment ?

On ne le sait jamais. Il y a un moment où il faut se lancer. On avait pris notre temps pour faire des essais de formules, et de recettes. Ce sont des amis qui nous ont pousser à passer à l’étape suivante en nous invitant à participer à un marché de Noël en 2017. Il y a un cadre règlementaire très strict et lourd à respecter. En effet, il faut créer une société, être conforme à une règlementation cosmétique, déclarer ses formules et les faire valider par un certificateur. Ça nous a obligé à concrétiser sur le plan administratif et règlementaire en 6 mois. Une fois lancés ça a été le début de la commercialisation de nos produits : 8 savons initiaux qu’on avait formulés.



Vous n’aviez donc pas d’études dans ce domaine ? Vous avez vraiment appris sur le terrain ?

On a quand même suivi des formations car c’est nécessaire aussi bien en terme de savoir-faire que de sécurité des produits et des personnes, que ce soit celles qui travaillent pour nous ou les consommateurs eux-mêmes. Une partie repose aussi sur nos propres expériences, nos acquis et notre maturité. Il faut donc aussi s’inspirer soi-même en plus d’avoir une formation.



Vous avez donc un atelier à Puylcesi. Comment fonctionne la production des produits ?

En termes d’activités, tout est internalisé. Une des raisons qui nous a poussé à créer Oppidum, c’est qu’on est fasciné par l’univers de la production qui est à la fois intellectuel, créatif mais aussi palpable et physique. Tout se fait sur place. On est dans une ancienne ferme du XIXème siècle de laquelle on a rénové une aile qui est devenue laboratoire, atelier et réserve d’oppidum. On crée les formules, on les fait valider par un organisme extérieur, on s’occupe des achats, de la production, de la post-production puis du conditionnement (en boîte, flacon..), et enfin de la préparation et de l’expédition. Ça nous permet d’avoir un œil sur tout depuis l’achat des matières premières jusqu’aux colis.



Le savon semblait dépassé il y a quelques années. Pourquoi est-il devenu aussi consommé d’après vous ?

Je pense qu’il y a beaucoup de travail qui a été fait, et des prises de conscience. La cosmétique bénéficie de la remise en question de d’autres produits au préalable, notamment alimentaires. Aujourd’hui ça devient un réflexe de s’interroger sur la composition de ce qu’on achète.
Je pense aussi qu’il y a une recherche de simplicité : avoir moins de produits, échapper à un marketing anxiogène, mais aussi la simplicité sur l’emballage.
L’autre thème ça a été la question des déchets et rejets dans la nature. Quand on s’est rendu compte que les eaux usées avaient tout un trajet et où elles allaient, il y a eu aussi une remise en question.



Pour revenir un peu plus sur notre collaboration pour la box de mars, qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à notre box ?

Un élément important c’est que c’est une box monomarque. Ça nous a séduit car on est une toute jeune marque et il est difficile d’émerger, se faire connaître. On a consacré peu d’énergie à la communication, on est concentré majoritairement sur les produits et la qualité. Il y aussi votre audience, vos choix éditoriaux dans lesquels on se reconnaît. L’idée d’un partenariat où chacun apporte quelque chose à l’autre, en espérant apporter la qualité de nos produits.



Pour ce qui est du processus de fabrication, vous précisez que la saponification à froid permet de conserver les propriétés des huiles. Pourriez-vous expliquer brièvement ce que c’est ?

C’est une réaction chimique qu’on organise avec des produits de synthèse ou des ingrédients naturels. Nous on l’opère avec des ingrédients naturels. C’est la rencontre de deux types d’ingrédients différents : des acides gras qu’on trouve dans des corps gras comme les huiles ou le beurre et de l’autre côté un alcaïque, qui est un mélange d’eau et de soude. Cela transforme aussi la texture du savon : dur ou mou. C’est à nous de trouver de trouver les bonnes proportions pour avoir un résultat spécifique. On utilise par exemple de l’argile ou des épices pour colorer le savon. Pour la saponification, on lance le mélange au mixeur. Les molécules se rencontrent. On organise cette rencontre et on laisse se faire la transformation, cela prend entre 24H et 48h. C’est une émulsion liquide puis solide. Pour qu’elle soit complète par contre il faut de 4 à 6 semaines selon les formules pour que les huiles soient transformées. On parle de saponification « à froid » car on s’efforce de ne pas faire chauffer les matières premières, notamment les huiles car elles se dégradent sous certaine température, 40 degrés, elle commence à perdre l’intérêt de leurs propriétés. On est obligé de faire fondre les beurres pour les travailler ou l’huile solide de coco. Mais en chauffant doucement. Le savon n’a pas toujours servi à se laver mais aussi à laver le linge ou les sols. D’où le fait qu’il y ait plusieurs types de saponification.



Comment voyez-vous le futur d’OPPIDUM ?

On veut continuer d’être créatifs et originaux. Actuellement, on a sorti une nouvelle gamme visage de sept produits, formulée à partir de résine végétale d’arbre. On est allé sourcer nous-mêmes au cœur de l’Amazonie en allant voir les producteurs et les communautés natives. Cela a pris 26 mois de recherches. Hormis cela, on va continuer la savonnerie, la cosmétique et on va développer d’autres catégories de produits mais toujours sur les mêmes principes : efficacité et sensorialité. On ne veut pas séparer le beau et le bon.